• Wada Yano

    Idiot ? On pouvait dire qu’il était. Bien trop préoccupé par la sécurité de son meilleur ami pour apprendre cette nouvelle technique, on pouvait bien reconnaître qu’il avait fait une erreur de débutant en ne vérifiant pas correctement son équipement. S’il y avait regardé de plus près, il était évident qu’il aurait vu que son baudrier était défectueux et qu’il pouvait se rompre à tout instant. Cependant, ce qui était fait était fait et il ne pouvait que se sentir profondément navré d’avoir était assez stupide pour avoir raté une étape du BABA qu’il connaissait par cœur. Il devait alors s’en prendre qu’à lui-même s’il s’était rompu le cou mais fort heureusement pour lui, il n’avait pas l’impression de s’être briser la colonne vertébrale. Le tapis de soutien qui se trouvait sous lui semblait avoir rempli sa mission en amortissant sa chute et il en était fort heureux. Bien entendu, il ne pouvait nier le fait qu’il ressentait une cruelle douleur à l’épaule gauche sur laquelle il était tombé en atterrissant ainsi qu’à sa cheville mais sur le coup, il n’avait rien ressenti. Sûrement dû au fait qu’il avait autre chose en tête que celle-ci ? Probablement car lorsqu’il avait vu le regard effrayé et désemparé de son ami, celle-ci semblait alors n’être rien comparé à la douleur qu’il ressentait de voir celui-ci dans un tel état. Yano connaissait tellement Ki Suk qu’à cet instant précis, il savait qu’il avait eu horriblement peur pour lui et qu’il s’était senti immédiatement coupable, s’attribuant sans vergogne sa chute comme toujours. Cette idée bien qu’insupportable et pourtant tellement clairvoyante, l’intima alors de faire comme si de ne rien n’était et comme si la nausée qu’il ressentait désormais petit à petit n’était rien. Il n’avait pas à se sentir coupable et il n’avait pas hésité à lui dire, ayant à son égard un geste tendre qu’il avait tellement l’habitude d’utiliser pour tenter d’apaiser les tourments de son ami qui était facilement anxieux, n’ayant alors nullement conscience de son geste, ainsi de l’insistance qu’il avait à la frôler de ses doigts. Il aimait tellement le caresser de la sorte, de lui donner la part de tendresse que son cœur souhaitait lui apporter mais il n’avait nullement le droit alors qu’il se sentait si fébrile face à lui en ce moment. Établir un contact physique entre lui et sa personne était résolument une chose dangereuse même si son ami ne semblait point se soucier de ce que les convenances définissaient entre deux hommes de leur âge. C’est pour cela qu’il s’était intimé à rompre ce contact, que s’il avait pu être possible il aurait tout fait pour ne point cesser, le cœur serré. Il fallait absolument qu’il cesse de penser aux significations de tous ses gestes mais difficile à faire lorsque le jeune homme lui donnait des raisons de le faire. Ils étaient tellement sur la même longueur d’ondes que s’en était presque horripilant parfois. Cependant cela ne voulait pas pour autant dire que les tourments qu’il avait pour sa personne étaient partagés et il refusait même de songer à cela, étant tout simplement impossible à ces yeux. Ki Suk était sûrement aussi hétérosexuel, que lui  l’avait pensé à une époque et il voulait croire que son attirance était due qu’à un coup tordu de son esprit, une curiosité malsaine qui n’avait point sa place dans leur relation qui était tout le contraire de cela. Jouant ainsi la comédie pour tenter d’apaiser les tourments de son ami, il ne put s’empêcher de chanceler lorsqu’il se laissa aider par celui-ci pour se lever. Sa tête lui tournait horriblement et il fut incapable de retenir ce léger gémissement de douleur dû aux blessures qu’il avait. Il se sentait tellement mal, qu’il n’eut nullement la force de repousser l’aide de son ami, déjà à demi conscient. Il fallait croire que l’adrénaline du choc était passée car il remarqua à peine lorsque Ki Suk l’intima à monter sur son dos. C’est lorsqu’il se laissa enivrer par l’odeur si particulière de son corps et de son parfum qu’il prit alors conscience de ce qu’il était en train de faire sans pour autant être en mesure de pouvoir faire ou dire quoique ce soit. Bien trop secoué par la souffrance que son corps supporté sans parler de la fièvre qui semblait être le résultat sadique de tout cela, il se laissa tout simplement aller sur le dos de son ami, fermant les paupières presque inconscient, presque incapable de respirer convenablement. Seulement sa raison l’intimait alors de prendre conscience de tout cela et dans ces petits instants de lucidité, il resserrait son étreinte autour du cou de son ami, à l’aide de son seul bras valide, ouvrant alors quelques secondes ses yeux pour voir avec difficulté où ils se trouvaient. Interceptant des regards intrigués sur sa personne, il se maudissait d’être si faible face à ces personnes qui ne manqueraient sans doute pas de critiquer sa conduite, sa condition et cette information serait alors sans doute ébruitée dans toute l’université… L’héritier Wada s’était montré si faible et cette idée lui retournait les entrailles face aux réprimandes de son père si celui-ci venait à être au courant de cela.

    Yano, qui était bien trop orgueilleux, fier, ne pouvait alors nullement supporter cette idée et il se forçait inexorablement à garder les yeux bien ouverts mais cette fièvre était résolument en train de gagner la bataille et c’est à demi-conscient qu’il remarqua qu’il était alors allongé sur un lit alors que l’infirmière s’activait pour lui apporter les premiers soins. Malheureusement pour elle, lorsqu’il se trouvait si faible qu’à l’heure actuelle, le jeune homme avait développé un instinct de survie qui repoussait tout simplement et ce même de façon violente, toute personne qui tentait de s’approcher de lui. Il repoussait loin de lui tout élément qui pourrait rendre sa faiblesse encore plus pathétique et seules quelques rares personnes pouvaient s’approcher de lui à ces moments là : sa tante, qui était pratiquement celle qui l’avait élevé, ses frères et sœurs et Ki Suk. Il fut donc évident qu’il repoussa avec ardeur la main de la jeune l’infirmière qui eut à son intention un geste pour vérifier sa température et fit de nouveau le même geste lorsque celle-ci lui toucha le bras gauche alors qu’il poussait un râle de douleur en se levant violemment tellement mal au point, malgré les protestation de celle ci. Ses yeux étaient embrumés tellement la douleur se trouvait insoutenable, il avait l’impression qu’un affreux bourdonnement était en train de le rendre fou alors qu’il ne désirait qu’une chose ; un peu de repos. Un repos qu’il ne pourrait qu’avoir qu’auprès qu’une personne ; Ki Suk. A ce moment là, il n’avait nullement conscience du spectacle pathétique, ni de l’inquiétude qu’il devait susciter en son ami, bien trop incapable de réfléchir ne serait-ce qu’une simple seconde, son esprit étant bien trop épuisé. La seule chose qu’il avait conscience était qu’il avait besoin de lui et c’est donc dans une voix des plus tourmentées, brisée qu’il murmura seulement.

    « Ki Suk, s’il te plait…viens…j’ai besoin de toi… »

    Il n’avait nullement conscience de ces mots, si ce n’est qu’il avait besoin de lui, de sentir sa présence à ces côtés, chose dont il était privé pour l’instant et lorsqu’il sentit la main du jeune homme, bien qu’un peu inquiète venir se poser sur sa joue, il ne put s’empêcher de soupirer de bien-être alors qu’elle lui faisait tant de bien. Sentir sa peau si tiède sur la sienne si brûlante lui faisait un tel bien, apaisant tout simplement la douleur que cette fièvre engendrée en lui. Lorsque celui-ci lui murmura qu’il était là et qu’il n’avait nullement à s’inquiéter et que tout irait bien, il n’eut pas que d’autres possibilités d’y croire. Cette fièvre lui faisait perdre totalement pied mais il y avait bien une chose qui le ramenait à la réalité, Ki Suk.

    « Je resterai autant que tu auras besoin de moi. Je ne te quitterais pour rien au monde, sois en sûr…Je serais avec toi alors laisses-toi te faire soigner, d’accord. »

    Du bout des doigts celui-ci lui caressait la peau avec douceur alors qu’il avait prononcé ces mots avec tant de naturel et de sincérité. Si seulement Ki Suk découvrait à quel point ces mots lui allaient droit au cœur, ô combien il le rendait fébrile ainsi même malade. Il avait tellement peur de ce que cela éveillait en lui, si terrifié de laisser une vérité tout détruire sur son passage. C’est pour cela et pour faire taire l’envie qu’il avait de venir cueillir cette main au creux de ses lèvres, qu’il vint doucement capturer la main du jeune homme dans la sienne alors qu’il s’était assis à ses côtés tout près de lui. Non, il ne devait absolument pas songer à ce que ces mots pouvaient bien révéler en lui, ce n’était résolument ni le lieu, ni le moment alors qu’une telle idée saugrenue lui traversait l’esprit…Cela était trop dangereux alors que le geste de son ami se voulait être si naturel, si innocent. Il se contenta alors seulement de la garder dans la sienne, la serrer fermement entre ses doigts pour être sûr qu’elle ne le quitterait pas et c’est dans un simple murmure qu’il lança.

    « Merci…Ki Suk. »

    Il tenta alors de regagner ses esprits alors qu’il ne lâchait nullement la main de son ami, soupirant doucement pour tenter de rester conscient face à la douleur qui ne cessait d’habiter son corps, en vain. C’est donc en silence qu’il se laissa soigner par l’infirmière qui avait profité de ce moment là pour appeler une ambulance. Selon ses dires, il semblait qu’il s’était fait une luxation de l’épaule au minimum et qu’elle n’était pas formée pour ce genre de blessure. Du moins, c’était ce qu’il avait cru comprendre car il était alors à demi conscient et une fois qu’il avait ingéré, l’anti-douleur qu’elle lui avait donné, il tomba rapidement dans un sommeil profond, limite comateux dans lequel son esprit semblait tout simplement réclamer un repos des plus mérité. Il était alors plongé entre les deux rives de son inconscient et son subconscient. Il n’était pas vraiment certain d’être endormi comme il n’avait pas la certitude d’être éveillé. Il n’y avait pas de juste milieu, il planait tout simplement en ne ressentant rien, si ce n’est cette douce chaleur qu’il ressentait au creux de sa main. Il n’avait pas besoin de réfléchir à qui cette chaleur appartenait. Il était tout à fait évident pour lui qu’il s’agissait de la douce et tendre présence de Ki Suk. Comment pouvait-il le savoir ? Il n’en avait aucune idée, il le savait c’était tout, il n’y avait rien d’autre à rajouter. La seule chose qu’il percevait faiblement était qu’il y avait du mouvement autour de sa personne, qu’il sentait des mains étrangères le transporter, le toucher pour lui administrer des soins dont il était incapable de repousser pour la bonne et simple raison qu’il était plongé dans ce sommeil, si lourd, si comateux, ou du moins le pensait-il inconsciemment alors qu’en réalité on lui administrait des médicaments pour atténuer la douleur et permettre sa guérison.

    La seule chose qu’il savait c’est qu’il aimait profondément la chaleur du corps de Ki Suk, qu’il voulait absolument garder sa main dans la sienne, n’interrompre d’aucune façon quelle se soit, le contact entre leurs deux peaux réunies. A cet instant il trouvait tout ceci particulièrement naturel et ne pensa pas une seule seconde qu’il était en train de s’avouer une vérité qu’il avait pourtant mainte fois tenté de se dissimuler mais qu’importe, de toute façon il ne se souviendrait sûrement plus de rien, une fois qu’il aura repris connaissance alors il pouvait bien se permettre tout ceci, non ? Éprouver un plaisir fou juste en sentant la peau de la personne à qui il tenait le plus au monde, celui pour qui il était souvent animé par une jalousie possessive. Oh oui, Ki suk était souvent le facteur clé qui faisait qu’il appréciait ou non une personne. Sans lui, Soo Rin serait peut être une amie au lieu d’être la fille qui d’une certaine façon lui a volé Ki Suk pendant un temps, celle avec qui il avait peut-être perdu son innocence. Mais n’était ce pas normal après tout ? Lui-même était sortit avec Hyo Ni à ce moment là, lui-même avait perdu son innocence avec elle…avait découvert les plaisirs charnels entre une femme et un homme. Et pourtant… Pourquoi diable tout ceci n’avait aucune importance lorsqu’il se retrouvait face au torse nu de son ami ? Pourquoi n’était il pas foutu de s’empêcher de le désirer ? Oui le désirer, c’était bien le mot. Un secret trop longtemps camouflé sous des regards fuyants qui se voulaient être polis. Mais le désir n’était pas la seule conséquence de tous ses tourments, ses sentiments y étaient également pour quelque chose. Le voir sourire, voir ses yeux prévenants, doux et brillants étaient devenus le soleil de sa vie. Malgré le nombre de fois où il tentait de se dire que ce n’était qu’une amitié…A cet instant présent, il savait que tout ceci n’était qu’un leurre, une douce mais cruelle illusion qu’il avait prétendu se persuader pour sauver son âme de tout ceci…tout simplement. Sans le comprendre réellement il commençait à prendre conscience de ses sentiments, le fait qu’il désirait Ki suk et personne d’autres à ses côtés, le fait qu’il était inconsciemment jaloux de tous ceux qui se liaient d’amitié avec lui, sans parler de cette cruelle envie de le garder prisonnier près de lui. Ça n’avait aucun sens, ce n’était pas humain de ressentir une telle chose…Une personne pouvait-elle être capable d’aimer une personne à un tel point qu’il pourrait en perdre son âme et son esprit dans cette quête contre la raison ?

    Toutes ses questions qu’il était en train de se poser perdirent leurs sens lorsqu’il sentit les doigts de Ki Suk venir se mêler à ses cheveux. Il sentait que c’était les siens, après tout son parfum l’enivrait totalement. Il se laissa de nouveau aller à tout ceci sans vraiment comprendre ce qu’il se passait, il entendit même les paroles que son ami avait murmuré à son oreille…Mais il était bien trop calme, à demi inconscient pour tout saisir ou être vraiment capable de comprendre ses mots. Il avait seulement cette horrible impression de passer à côté de quelque chose d’important qui pourrait l’aider à y voir plus clair mais rien ne pu l’empêcher à cet instant précis de tomber dans un sommeil profond alors que ces simples mots se trouvait être simplement :

    « Dis-moi Yano, est-ce normal de ressentir de tels sentiments… ? Dis moi…je suis perdu… »

     

     

     

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